L’autre côté des Diables (2/4): A la rencontre d'Arnold Origi, "le cousin… norvégien de Divock"
Première interview belge d’Arnold Origi, le gardien pro de HIFK en D1 finlandaise qui sera son premier supporter à Madrid.
- Publié le 31-05-2019 à 06h53
- Mis à jour le 31-05-2019 à 12h01
Première interview belge d’Arnold Origi, le gardien pro de HIFK en D1 finlandaise qui sera son premier supporter à Madrid. Notre Divock Origi ne sera pas le seul joueur professionnel avec ce nom de famille, samedi soir dans l’Estadio Wanda Metropolitano à l’occasion de la finale de la Ligue des champions. Son cousin Arnold (35 ans), gardien du club finlandais HIFK, sera un des 68 000 spectateurs. Voici sa toute première interview belge.
Arnold a de la chance. Son match de championnat - contre Vaasan Palloseura - est programmé ce vendredi soir. Samedi, il pourra donc prendre l’avion de Helsinki à Madrid. "C’est un rendez-vous que je ne veux pas rater", sourit Arnold. "Vu que j’avais un match de championnat contre Mariehamn le lendemain, j’ai dû voir ses deux buts contre Barcelone devant ma télé. C’était un moment émouvant."
Arnold, il nous revient que vous êtes bien plus que le cousin de Divock.
"C’est vrai, je suis plus son frère et son homme de confiance. On se contacte presque quotidiennement. Et on se donne des conseils. Je lui dis comment un gardien pense et agit. Lui, il me parle des méthodes d’entraînement à Liverpool, qui est le top du top. Grâce à cela, il va prolonger ma carrière. Je peux encore jouer cinq à six ans à ce niveau. Comme Buffon et Casillas, mes exemples."
Divock et vous, vous vous voyez souvent ?
"Je vais à Liverpool quand je peux. Et en hiver, je vais à Houthalen, chez mon oncle Mike, le papa de Divock. Divock, lui, est déjà venu en Norvège, où j’ai joué pendant dix saisons. Je viens d’être transféré en Finlande au mois de mars."
Divock est venu en Norvège ?
"Oui ! La dernière fois, c’était en septembre 2018. On a fait une excursion en voiture dans la nature. Chaque fois qu’il vient, je suis fier de lui montrer ma deuxième maison. Bien sûr que les Norvégiens le reconnaissent, parce que Liverpool a des fans partout au monde, et surtout en Norvège, qui est devenue mon second pays."
J’ai vu que vous aviez la nationalité norvégienne depuis 2017.
"Oui. cela a beaucoup facilité les choses pour moi. Je parle norvégien, et je me sens heureux dans ce pays. J’y ai joué dans six clubs, dont cinq ans à Lilleström."
Votre naturalisation vous a coûté votre place en équipe nationale du Kenya, où vous étiez numéro 1.
"Le règlement norvégien ne permet pas qu’un joueur naturalisé joue pour l’équipe nationale de son pays de naissance. Mais cela va peut-être changer. J’espère pouvoir rejouer pour le Kenya, où je totalise 40 matchs en équipe nationale."
Vous ne jouerez jamais avec Divock.
"Laissez-le briller avec la Belgique. Il m’a mis assez de buts, quand il était jeune. (Rires) Je me souviens de ses visites au Kenya, quand il avait cinq ou six ans. Il avait déjà une frappe d’adulte dans les pieds. Et quand je venais à Houthalen, on cherchait toujours un terrain de foot où il me fusillait. C’était un défi pour lui de marquer face à son grand cousin, qui était gardien de but."
Le Kenya va suivre la finale de Divock de très près ?
"C’est une finale historique pour le Kenya, vu qu’il y a un compatriote dans chaque équipe : Divock à Liverpool, et Wanyama à Tottenham. Ce sont des légendes. Le peuple les aime et est fier d’eux. Ils sont aussi populaires que nos coureurs à pied Kipketer ou Tergat."
Vous pourrez voir Divock, à Madrid ?
"Je ne sais pas. Quand je vais à Liverpool, je ne le vois que longtemps après le match, après toutes ses obligations. On va manger un bout. J’espère qu’à Madrid, on pourra parler de la victoire de Liverpool…"
“Mike, son papa, a été gardien en équipe nationale”
Tous les hommes de la famille Origi sont des footballeurs. Tout le monde se souvient de Mike Origi, papa de Divock, l’attaquant de Genk entre 1998 et 2001, mais Arnold nous en apprend une bonne. “Avant d’être attaquant, Mike était gardien, comme moi”, dit-il. “Il a même joué quelques matchs en équipe nationale. Puis il a changé de position : il est allé jouer en attaque.” Mike est recordman du nombre de matchs en équipe nationale (120), avec le Kenya. “Mike a toujours été mon grand exemple. Il a été le premier joueur kenyan à être transféré en Europe. Sans la corruption dans le football kenyan, beaucoup d’autres joueurs auraient fait le pas. Mais on n’a pas la chance des joueurs congolais, camerounais ou nigérians…”
Le premier club de Mikeétait le KV Ostende, en 1992. Puis, il est passé par Harelbeke, Genk, le RWDM et Heusden-Zolder, avant de terminer sa carrière à Tongres. Avec Genk, il a remporté un titre et deux coupes. Arnold : “Il était le premier Kenyan en Coupe d’Europe (NdlR : Genk avait atteint les huitièmes de finale de la C2 contre Majorque) . Le respect du peuple était immense quand il venait jouer en équipe nationale.”
Mike a influencé la carrière d’Arnold. “Mon oncle est la personne qui m’a le plus inspiré. Il m’a montré la voie. Et j’ai eu de la chance d’être tombé sur un joueur semi-professionnel norvégien qui était en même temps physiothérapeute. Il était au Kenya pour étudier la cause des nombreuses blessures des footballeurs kenyans. Il m’a mis en contact avec un de ses entraîneurs en Norvège, et j’ai réussi mes tests. On est tous des footballeurs dans la famille. Mon père Austin est le frère de Mike, tout comme Gerald et Anthony. Ils ont tous joué en D1 au Kenya et en équipe nationale. Ils auraient tous réussi en Europe, mais ils n’en ont pas eu l’opportunité.”
"Numéro 1 grâce à un coach belge”
Si le Kenya et la Norvège sont les pays de son cœur, Arnold Origi n’oubliera jamais ce que la Belgique a fait pour lui.
“Quand je suis arrivé à Lilleström, j’étais en concurrence avec le meilleur gardien de Norvège”, dit-il. “Pendant la trêve hivernale, j’ai profité de mes vacances en Belgique pour travailler avec un entraîneur des gardiens, Donald Kühn, actuellement actif avec les Genk Ladies. Il est parvenu à hausser mon niveau, et je suis devenu numéro 1 à Lilleström pendant quatre saisons. J’y ai même gagné la Coupe en 2017. Merci à la Belgique !”
“Quel club belge aurait voulu un gardien kenyan ?”
Cela aurait été un rêve pour Arnold de jouer en Belgique, le pays de son oncle Mike et de son cousin Divock. “Bien sûr que j’y ai pensé”, dit Arnold. “Mon oncle Mike a essayé de me trouver un club via ses connexions, mais c’était impossible. Je n’ai même pas passé de test dans l’un ou l’autre club. Quel club belge aurait voulu un gardien du Kenya ? Déjà pour des joueurs de champ du Kenya, ce n’est pas évident de se trouver un club…”